( tenue )

Standing Still. Elle s'était levée avec le refrain de cette chanson à 8h00 tapante du matin, et l'option « réveil » sur son téléphone portable n'en était plus une depuis très longtemps ! C'était qu'elle avait fini par concrétiser sa b.a du jour en s'octroyant ce nouvel et magnifique album des u-kiss. Oui bon, on ne s'éternisera pas sur ce fait. Elle s'était donc égarée dans les boutiques, juste avant de prendre son service. Celui-ci ne débutait qu'à partir de 10h00. Les horaires en parfumerie étaient bien avantageuses sur ce point. Nina avait le temps de trainer en ville ou de dormir à sa guise puisqu'elle le magasin n'ouvrait jamais avant cette heure spécifique. Ses horaires, tout au long de la semaine n'étaient jamais les mêmes. Une des particularités du métier. Comme elles étaient au moins six conseillères en parfumerie – sans compter les petites stagiaires - un roulement s'effectuait en permanence pour s'assurer l'accueil de la clientèle. Il en serait ainsi de façon non-stop jusqu'à la fermeture du magasin, à 19h00, heure officielle. Mais il n'était pas rare qu'elles fassent parfois plus... à cause de clients sans la moindre gêne qui débarquaient pile au dernier moment ! Ceci dit, ce problème n'était pas véritablement le sien. Du moins, pas lorsqu'elle était en cabine. Il y avait aussi un roulement à ce sujet. Nina avait les qualifications requises pour être autant en cabine qu'en magasin. Depuis le début du mois de mars et jusqu'à fin mai, elle abandonnerait son statut de conseillère/vendeuse et enfilerait sa tenue d'esthéticienne. Un choix imposé qui ne la dérangeait guère puisqu'elle aimait tout autant être en pratique. La seule chose qui allait lui manquer était peut-être le fait qu'elle ne serait plus en compétition avec les autres. Le fait d'être la vendeuse numéro 1 lui permettait de percevoir des cadeaux ; le dernier en date avait été un ipad. Elle pouvait néanmoins toucher des primes si elle parvenait à vendre des produits auprès de ses clientes. Il fallait donc avoir un minimum l'esprit combattant pour travailler dans cet endroit et ainsi assurer sa place. Car en effet, les plus mauvaises étaient mutées ailleurs, au pire, licenciées. Si certaines étaient en permanences stressées, ce n'était définitivement pas le cas de Nina, bien dans son élément dans ce milieu si beau en surface. Mais impitoyable, dans sa réalité.

Une bonne partie de la journée s'était déjà acheminée lorsque notre douce américaine revint devant le comptoir pour jeter un œil au cahier des rendez-vous. Le prochain client qu'elle avait soigneusement entourée au stabilo rouge devait apparaître dans un petit quart d'heure. Le nom « Kim » figurait sur cette colonne, et elle avait bien précisé sur le côté qu'il était son client à elle. « Pour Nina. » Oui, puisqu'il ne s'agissait nul autre que de Kang Joo... Ce dernier, s'il ne tardait pas trop, débarquerait sûrement dans son uniforme scolaire ! Elle avait fait un peu juste en notant le rendez-vous à 16h45, mais dans le cas inverse, elle craignait qu'il la zapperait pour faire autre chose une fois les cours terminés... Si encore, Monsieur s'était décidé à faire acte de présence, bien entendu ! Elle ne l'avait pas harceler à ce sujet... Loin de là. Elle lui avait seulement envoyé un texto au petit jour pour lui rappeler qu'il devait passer la voir d'urgence en magasin. Le comment du pourquoi ne s'était pas fait ressentir... Si elle lui avait avoué ce qu'elle comptait lui faire, alors il ne serait jamais venu !! Elle espérait donc qu'il vienne à l'heure...
Un peu exténuée de sa journée parce qu'elle ressortait tout juste d'un long soin dos, Nina étira un sourire à l'approche de la fameuse cliente qui émergeait après elle, de la cabine. Tout en ayant l'air ravie, la belle fit l'encaissement et elle parvint même à lui vendre un petit surplus inutile, de quoi augmenter les comptes de l'entreprise. Puisque des vernis étaient en exposition sur le côté droit de la caisse, elle avait insisté sur le fait que la couleur tendance du moment était le bleu marine et qu'elle ferait une bonne affaire si elle en prenait plusieurs pour elle et ses jeunes filles. Commerçante dans l'âme, pour ne pas dire embobineuse ! Elle se montra d'autant plus respectueuse lorsque sa cliente s'en alla fraiche comme un gardon, avec ses petits vernis tendances qu'elle exhibait fièrement dans un sachet offert par la maison. La petite courbette de faite, Nina jeta un dernier coup d'œil à sa montre, son pied tapant nerveusement le sol. Allait-il vraiment venir ? Et qu'allait-elle faire pendant tout ce temps s'il ne venait pas ?

L'une de ses collègues se posta tout près d'elle pour jeter un œil au dit cahier. Elle parut surprise et à la fois intriguée en découvrant ce qui allait s'en suivre. La zieutant d'un regard de biais, Nina s'était alors tournée vers elle en haussant les épaules. « Qu'est-ce qui t'étonnes autant ? ». Bon, peut-être que l'intervention était un poil soupçonneux si l'on prenait en compte qu'il était un homme – jeune homme pardon – et que la boutique prenait rarement les messieurs pour ce genre de chose. Tout du moins en parfumerie. « Épilation du torse et des demi-jambes... Et ça va te prendre une heure ? ». Elle avait également vue large sur le temps. Forcément, puisque ce n'était pas ce qu'elle comptait réellement faire !! Une chance pour lui... « Ce n'est pas la première fois qu'il vient et il est très complexé par ça... Tu vois, il a une pilosité vraiment très développée et il fait du vélo. ». Nina et l'art du mensonge. Il n'empêche que cette dernière goba à son histoire, faisant naitre un sourire encore plus large sur son espiègle minois. Haha. Le pauvre allait sans aucun doute se faire reluquer d'une drôle de manière par ses coéquipières. Les nouvelles faisaient rapidement le tour... Enfin ça... c'était le dernier de ses soucis !

Elle avait donc sagement attendue qu'il arrive. Sans vérifier si oui ou non il était à la bourre, notre américaine le salua d'une courbette respectueuse avant de l'inviter à la suivre. Elle ne savait plus si c'était la première fois qu'elle lui faisait ce coup-là... Tant bien, ils bravèrent une petite partie de la parfumerie pour atteindre le couloir menant aux nombreuses cabines. Ils s'arrêtèrent à la porte portant le nom de « Shiseido », la marque sur laquelle elle avait été formé. Sa cabine spécifique pour ainsi dire. Elle le laissa entrer en premier et se déchaussa à l'entrée afin de se sentir plus à l'aise. Porter des talons, même s'ils n'étaient pas bien haut, faisaient mal aux pieds en fin de journée ! Il s'agissait de Kang Joo après tout, il n'irait pas péter un scandale pour ça ! Maintenant qu'ils étaient rendu seul à seul, elle oublierait bien vite les formalités... « Déshabille-toi. On a qu'une heure devant nous... » s'empressa-t-elle de le signaler. Aussitôt prise dans ses pensées, elle n'avait pas jugé que ses mots pouvaient paraître indécents, surtout auprès d'un jeune homme comme lui ! Étant donné qu'elle avait sorti la phrase sans porter la moindre allusion douteuse, elle s'était dirigée le plus naturellement au monde vers le miroir, se rattachant plus soigneusement sa queue de cheval au-dessus de sa tête. Enfin, en lui jetant un regard à travers la glace, la belle se tourna en portant ses mains sur ses hanches, les sourcils arqués par l'incompréhension. « Euh... Mais t'attends quoi au juste ? ». Des explications, sans doute. Logiquement, elle aurait mieux fait de commencer par là ! Sauf qu'il ne fallait pas qu'il déguerpisse en apprenant la nouvelle, alors elle comptait s'y prendre en douceur... « Enlève juste le haut... Je vais avoir besoin de ton buste et de ton dos... Promets-moi que tu ne bougeras pas, et je te dis tout ! ». Des menaces ? Non, juste une certification sur l'honneur qu'il tiendrait sa promesse ! Après tout les hommes ne devraient avoir qu'une seule parole...