Fan n’a jamais vraiment été une petite fille ou une adolescente. Se fut toujours une femme. Si vous vous êtes assez intéressé à elle pour en apprendre plus sur son passé, vous verrez qu’elle est extrêmement discrète sur le sujet… Pourtant ses origines chinoises ne sont pas glauques ou morbides. Et tout en même temps, ce furent des années douloureuses pour une femme aux ambitions de vie et de confort trop grand pour ce petit corps chétif.

Née d’une mère couturière et d’un père saisonnier dans les rizières, elle naît effectivement à Pékin mais sa vie à plutôt pour point de départ un village proche à mi-chemin entre le bidonville et la banlieue la plus pauvre de la capitale. Plutôt miséreux oui… Mais difficile lors de la prime jeunesse de réaliser l’écart de train de vie entre celui de nos parents et « les autres ». Ces autres que Fan apprendra pourtant rapidement à envier…

Adolescente intelligente et vive d’esprit, Fan n’a jamais démérité lorsqu’il s’agissait d’obtenir ce qu’elle voulait. Scolarisée parce qu’elle prit très vite conscience que c’était une condition sine qua non pour réussir dans la vie, elle se bat rapidement, quitte à jouer des coudes, pour obtenir la tête de sa classe. Le but ? Une bourse étudiante… Son tout premier passeport, elle l’espère, pour une vie dans ces buildings de verre qu’elle voit lorsqu’elle se permet d’arpenter les rues luxueuses de la capitale, s’imaginant riche héritière dans ses chaussures bons marchés et ses robes reprisées.

Elle y parvient finalement, décrochant ce fameux passeport scolaire qui lui permet d’entrer dans un collège prestigieux qui la voit comme cette « minorité positive » dont leurs statistiques ont besoin. La conscience de cette étiquette est très vive chez Fan qui décide alors de rompre tout contact avec ce qui la rattache à ce monde dont elle ne veut déjà plus. Sans doute ses parents l’aimaient-elles mais ils étaient un frein envahissant à ses ambitions. Les rizières et la couture, ce n’était pas pour une femme de la société…

Peut être Fan aurait-elle pu se faire remarquer par une quelconque agence de mannequinat… D’ailleurs, elle avait commencé à en démarcher quelques unes, avec un succès mitigé car l’adolescence n’était pas forcément la plus tendre à cette époque avec elle. Mais c’est un autre type de personne qui la remarque. Un homme en joli costume sur mesure et qui lui parle d’argent facile. S’il croit qu’elle pourrait se vendre, celui-là n’a rien comprit ! Fan a trop d’orgueil pour songer ouvrir les cuisses contre de l’argent et c’est d’autant plus vrai qu’elle trouve le corps des hommes très quelconques et leur sexe repoussant… Avoir ses parties génitales hors de son corps est une aberration de la nature qu’elle ne comprend pas… Les femmes l’intériorise et cela prend un côté mystérieux qui a toujours su faire briller son regard en amande.

Mais il ne le vend pas… Pas vraiment. Il lui ouvre plutôt un cercle d’escorte en tout genre, lui assurant qu’elle a « le choix ». Fan n’est pas idiote et comprend bien que sous ce nom d’escorte se cache des relents écœurant de prostitution. Toutefois, elle passe le pas de la porte de ce monde et usera de beaucoup de doigté et de subtilité pour éviter de finir par se dévêtir, quitte à user de drogue pour mettre KO ceux de ces hommes qui ne sont que des prédateurs…

Fan s’épanouit et délaisse un peu ses études au profit de ses activités plus lucratives. Sa beauté se révèle, ses courbes se dessinent délicieusement, la jeune fille en fleur devient une femme et si dans son milieu elle joue les belles plantes aux bras des hommes, c’est dans ceux d’autres femmes qu’elle s’abandonne entièrement.

A 20 ans, devenue « trop bien » pour le cercle d’escorte qui est le siens, Fan décide de s’émanciper. Pas facile compte tenu du contexte mais heureusement, manipulatrice et un peu croqueuse de diamant, la belle a su se faire quelques protecteurs qui éloignent son ancien mentor de sa vertu… Fan décide pourtant de quitter la Chine, aujourd’hui synonyme pour elle de misère et d’erreurs de jeunesse. C’est un pays riche oui… Mais certaines choses ont encore de la valeur aux yeux et au cœur de Fan. Et la Chine n’en a plus tant qu’elle y réside.

C’est pourquoi elle part finalement, rejoignant la Corée avec ses quelques économies. Là, à force d’acharnement, elle parvient à obtenir une carte verte sous le couvert d’études puis finalement définitivement. Elle reprend ses activités d’escorte mais à la manière d’une femme d’affaire… En effet, avec ce qu’il lui reste d’argent, Fan s’entoure d’un avocat et webdesigner… C’est avec leur aide et leurs conseils qu’elle monte la toute première version de son site. Elle y propose contre (forte) rémunération sa présence pour des dîners ou des occasions. Femme instruite, cultivée, élégante… Elle se forge ainsi un petit « carnet noir » de ses riches clients. Une poignée tout au plus… Mais qui l’entretiennent éperdument, lui offrant toilettes et bijoux, payant même son loyer à leur façon…

Fan vit aujourd’hui dans ce luxe qu’elle désirait toute petite fille et chercher à vouloir le lui retirer c’est prendre le risque que ses talons haut ne finissent dans votre chair. Vindicative, subtile mais au caractère bien trempé, Fan gère sa vie comme une femme d’affaire et se considère rigoureusement comme l’égale de l’homme.

Femme orgueilleuse, ce n’est pourtant pas une femme froide et elle sait au contraire être terriblement chaleureuse. Toutefois, son attitude potentiellement hautaine et méprisante devrait tenir ceux qui ne peuvent pas se payer le luxe de sa compagnie loin d’elle, amen…