un animal. le renard. une couleur. le vert. un sentiment. la passion. un pêché. la paresse. un objet.un pendentif une saison.le printemps. | « alors mon cher, comment vont les affaires. » une nouvelle fois, la famille choi était postée tout autour de cette vaste table remplie d'aliments tous aussi variés les uns que les autres. une nouvelle fois, les deux pères de famille, fièrement vêtus discutaient affaires, ne prêtant toujours guère attention aux deux vieilles amies qui mettaient à jour les derniers potins ou les dernières tendances présentes en magasins. et puis une fois encore, il y avait ces deux petiots qui se dorlotaient sur le canapé tandis qu'un dessin animé défilait sur l'écran plasma de la famille kim. l'ainé, après des heures et des heures de pur bonheur s'était finalement endormit, la tête reposant sur les jambes de son cadet qui lui était toujours éveillé. il jouait avec ses cheveux en bataille et ne put s'empêcher de sourire au visage angélique qui était sous ses yeux. « si je pouvais te garder avec moi pour toujours sss. » murmura-t-il tandis que les autres personnes présentent dans la salle à manger se levèrent de table. il ne fit pas attention aux deux parents qui s'approchèrent au dessus de son épaule pour réveiller leur fils, toujours perdu au pays des rêves. au final, se fut papa qui pris l'enfant dans ses bras pour le porter jusqu'à la voiture, celui-ci ne s'étant pas décidé à ouvrir les yeux. lorsqu'ils franchirent une nouvelle fois la porte de leur demeure, le fils kim ne put s’empêcher de siffler. il voulait déjà le revoir. ils étaient si petits... de telles paroles n'auraient choquées personne. au contraire. que c'est mignon aurions-nous entendu. pourtant, ce sentiment n'est pas parti avec le temps, avec la maturité, avec l'âge. ce sentiment était toujours aussi puissant et resplendissant dans la poitrine du jeune imchul, et même si présentement, les sentiments du petit cameron peuvent être flous à votre connaissance, tout était mutuel. tout l'a toujours été.
même aussi petits, on pouvait déjà bien vite voir qui était la grosse tête dynamique et qui était le mignon petit paresseux. le cadet avait déjà plus de force quand petits ils jouaient à se bagarrer ou a faire des bras de fer. c'est sans compter le physique. certes l'âge de la puberté était encore loin, mais celui qui possédait les traits les plus masculins n'était autre qu'imchul. et ce n'est pas le temps qui le défavorisa par ailleurs. car le plus jeune rayonnait dans ce merveilleux corps athlétique si bien entretenu. et cameron en était bien loin, lui et ses traits fins à la limite du féminisme. car en effet, si le fils kim possédait la virilité, le fils choi lui était plus considéré comme mignon. pas tant que ça de muscles, pas d'abdominaux, seulement un petit ventre rondelet et une grande taille qui aidait bien à amortir. cette différence physique notable était aussi présente dans leur personnalité. cameron a toujours été plus doux, plus gentil et plus posé. néanmoins, notons que lorsqu'il était au collège n'importe qui le respectait. ou du moins une grande majorité. car en effet le jeune choi portait sur lui cette couverture de leader, ce charisme qui attirait tellement. lui-même ne comprenait pas pourquoi on agissait de la sorte, car la vérité voulait que cameron n'avait pas choisi de laisser une telle image paraitre. non, lui était timide, réservé, assez sec d'apparence pour garder son petit jardin à l’abri du vent. il ne demandait pas plus que ça a être respecté, voir adulé par certains. au contraire. attirer l'attention ne l’intéresse pas. ça l’effraie. et ça l'a encore plus effrayé par la suite.
les années passèrent lentement, et discrètement, des rumeurs courraient à propos des deux garçons. des rumeurs les soupçonnant de sortir ensemble. à vrai dire, ils n'auraient pas plus que ça reniés l'idée. après tout, ils restaient ces mêmes enfants qu'ils étaient autrefois. et si leurs paroles à l'époque étaient considérées comme plus ou moins normales, il est vrai qu'à quinze ans on pourrait tout à fait commencer à se poser des questions. néanmoins, pour les deux amis, des questions, il n'y en avait jamais eu. tout était clair comme feuille. ils s'aimaient et jamais leurs esprits n'avaient trouvé ça anormal. pour eux, c'était aussi naturel qu'aimer quelqu'un du sexe opposé. d'ailleurs, ce ne fut qu'avec le temps que toutes ces idées de mariage, d'enfants, et de vivre pour toujours l'un aux côtés de l’autre ne furent apparues. ils ne voyaient pas leur futur séparément, et malgré tous les efforts mis en ordre pour être discrets, les parents de cameron apprirent tout de même l’ambiguïté qui tournait autour de sa relation avec le plus jeune. et très vite, ça devint un sujet tabou, un sujet qu'il fallait écarter. et vite. et le meilleur moment pour casser une si belle amitié, un si beau début de relation sérieuse fut peu de temps après leur première fois. cette première. jamais il ne pourrait l'oublier. pas exceptionnellement parce que l'on nomme celle-ci " première " mais parce que pour la première fois de sa vie, il s'était senti bien plus que vivant. trop de sentiments, de sensations courraient dans ses veines. et malgré la forte douleur que l'on peut ressentir lors de la première fois, les gestes étaient passionnés et amoureux. il n'y avait pas spécialement d'onces de fougue, ni de bestialité. et ce fut cette douceur et cette attention là qui l'avait le plus marqué. il pensait par ailleurs que ce premier pas vers une vie de couple annonçait un train de vie meilleur et plus agréable. ce fut une bien jolie erreur.
« nous partons dès ce soir pour new york fils. tes bagages sont déjà prêtes, tu n'as donc besoin de rien faire et nous devons partir dans dix minutes au plus tard. donc je te conseille de profiter de tes dernières minutes ici. et si jamais l'envie de l'ouvrir te prenait, laisse-moi te dire que non tu n'as pas le droit de dire quoi que ce soi ni de même poser des questions. les affaires sont les affaires. » ce fut tout ce qu'il y avait à dire. on ne pouvait pas être plus clair. et malgré tout ce que le fils choi aurait voulu exprimer à ce moment là, les sentiments ainsi que sa voix étaient bien trop coincés au fond de sa gorge pour même oser sortir. seules les larmes roulaient sur ses joues. et elles continuèrent de rouler encore tandis qu'il courrait à la vie jusqu'à la maison de son cadet. leurs adieux furent brefs. très brefs. seul un énorme câlin et quelques mots furent échangés avant que son père ne le traine et ne le cloitre dans sa voiture, ignorant même toute la peine qui pouvait courir dans ses veines. bien au contraire, c'était une magnifique opportunité pour lui. après tout, il partait pour gérer une grosse affaire qui lui rapporterait peut être bien des millions, mais en plus de ça, cela lui permettait de garantir un héritage à sa famille. il lui fallait de petits enfants, pour que plus tard à leur tour, ils puissent s'imposer en tant que grands et fiers avocats de la lignée choi. c'était évident. et ce n'était pas son fils unique qui allait tout gâcher. « quitte à passer pour homophobe, je n'ai plus rien à perdre, alors laisse-moi te dire chaton que si je te reprends ne serait-ce qu'une seule fois avec un homme, tu pourrais bien regretter d'avoir été mis au monde. ai-je bien été clair ? » oui ça l'été. que trop.
cette nouvelle vie aux états unis était horrible. ne tournons pas autour du pot. si auparavant, cameron était plus ou moins respecté et attirait l'attention positivement, après être arrivé dans ce lycée pour poursuivre ses études tout s'était inversé et la seule pensée cohérente qui vaguait dans son esprit était où suis-je. car personne ne semblait s’intéresser réellement à lui. les seules paroles qu'on lui adressait étaient à tournure raciale et ou méchante. le bridé, le chinois, la gonzesse, petite bite, oh oui, les surnoms stéréotypés fusaient de partout, et même s'il y mettait du sien pour s'adapter et essayait de se faire des amis en paressant gentil et généreux, tout était perdu d'avance. en effet, rien n'avait fonctionné. et il vécut pendant plusieurs années en solitaire, supportant les moqueries et les intimidations qu'on lui infligeait de temps à autre histoire de se défouler. le moral de cameron fut au plus bas, et malgré toutes les tentatives faites auprès de son père pour repartir en corée une fois son affaire terminée, la réponse fut un glorieux non. tout son petit monde qui auparavant était beau et resplendissant s'était transformé en un enfer dans lequel même son père s'était retourné contre lui et rendait sa vie misérable. il lui manquait. que trop. cette personne. ce nom qu'il écrivait toujours partout dans ses cahiers, partout sur sa peau. il aurait aimé qu'il soit là à ses côtés. mais il savait trop bien qu'à présent, le revoir, ce n'était plus qu'un rêve.
et c'est ce même rêve qui le maintint en vie, pendant plusieurs années, pendant près de cinq ans. au lieu de fréquenter des personnes de son école, il s'était tourné vers l'extérieur et avait réussi à se faire des amis étrangers. cela avait créé un fort pilier dans sa stabilité mentale, car peu importe combien il essayait d'être fort, rester debout après avoir reçu autant de coups était impossible. être laissé comme ça seul au milieu de tant de cruauté, faire face à la haine de son paternel et supporter l'absence de sa moitié... s'en était bien trop. et pour survivre il a du trouver des moyens, des astuces, des aides. et ces aides, il les trouva, dans l'alcool, mais surtout dans la cigarette et dans le couteau. une part de son esprit était encore reliée à imchul, mais une autre interdisait à l'ainé d'y penser. car espérer une chose impossible, ne ferait que le rendre encore plus malheureux. et il ne voulait pas l'être. ses sifflements résonnaient alors contre les parois de la salle de bain, tandis qu'il traçait avec la lame aiguisée une ligne droite sur sa peau. c'était devenu une habitude que de faire passer la colère et d'oublier l'autre homme de cette manière. c'était la plus efficace. pas la plus discrète mais qui s'en souciait. imchul s'en soucierait. son esprit serait parler pour lui, mais tant que l'homme ne serait pas chassé de ses pensées, il n'arrêterait pas d'enfoncer cette lame encore plus profondément dans sa cuisse. certes c'était éprouvant, certes cela laissait des marques affreuses sur son corps, mais au moins, la précédente douleur s'envolait. celle de continuer d'espérer inutilement pour rien.
arriva cet âge miraculeux où, tout vous est possible à condition d'avoir des moyens financiers. et autant dire que côté argent, ce n'est pas chez papa choi qu'on en manque. au contraire, il en déborde toujours et encore. « dis papa, puis-je retourner en corée pour prolonger mes études ? s'il te plais, je jure de me tenir à carreaux. je veux juste bien gagner ma vie dans un pays que j'aime. c'est tout ce que je te demande. » le jeune fils était à genoux, suppliant une nouvelle fois son père pour le laisser vivre la vie qu'il désirait. ce pays le rendait malade et il voulait le quitter au plus vite. et puis, son père n'avait pas à se soucier. il avait appris avec le temps que revoir imchul serait une illusion, une chose impossible, un rêve. ses couteaux lui avaient appris, et depuis, il avait réussi petit à petit à remonter la pente. semblant un peu plus joyeux qu'auparavant. clairement, le père choi était heureux de l'évolution de son fils. il était en quelque sorte, rassuré, car il doutait fortement que le fils de leur anciens amis soit encore à séoul et qu'il tienne encore la route. à vrai dire, il en aurait mis sa main à couper que le plus jeune avait quelque part dérapé. et c'est ce qui le fit caresser les cheveux de son fils. « mais oui c'est bon, voles de tes propres ailes. fais attention tout de même. je peux savoir absolument tout ce que je désire. ne me fait pas honte. » il essayerait du moins.
d'une manière ou d'une autre, on ne change pas si facilement ce que nous sommes. qui nous sommes. et ce, cameron l'apprit une fois de retour à séoul. non seulement tous les endroits qu'il croisait lui faisait repenser à la personne à laquelle il s'était donné tant de mal à oublier, mais en plus, il ne pouvait changer sa véritable nature. son homosexualité. papa avait bien tenté pourtant d'enlever ce côté honteux, mais rien n'avait fonctionné. malgré les propositions de mariages et les tentatives de dragues, aucune fille ne l'avait attiré au grand désespoir de ses parents qui l'avaient pris depuis pour la honte familiale. et aujourd'hui, il y repenserait fortement. à ces moments où son père l'avait presque frappé pour avoir aimé un homme. l'adulte n'était pas non plus un sauvage, il savait que ce n'était pas la faute de son fils, mais, il était aveuglé par sa propre avidité. et le jeune choi repensait à ces moments, lorsqu'il était là, derrière cette table ronde avec ce jeune brun en face de lui, nommé shawn. il l'avait curieusement rencontré à l'épicerie qui se trouvait juste à côté de son appartement lorsque celui-ci avait pris le dernier paquet de céréale qu'il convoitait. ce ne fut qu'une première parmi une lignée d'autres fois où les deux hommes se revinrent à la même heure chaque jour. et chaque jour, il y aurait un article que l'un des deux piquerait à l'autre. ce n'est que petit à petit que les discussions entre eux prenaient formes et au final, cameron ne se refusa pas un nouvel ami dans sa vie. « aller viens stupido, je te paye un café. » tout est parti de là. pour en finir à aujourd'hui. ils étaient là, tous les deux, souriant l'un à l'autre, savourant leur boisson en plein milieu d'après midi. oui cet homme était devenu l'une des choses les plus importantes dans sa vie. il avait retrouvé la joie de vivre avec lui, les joies d'avoir un ami, de jouer, de rire à propos de tout et n'importe quoi. ça l'avait réanimé en quelques sortes. adieu les couteaux. shawn était bien plus efficace. et plus adorable. il s'était promis, dès le moment où ils s'étaient scellés leur amour qu'il le protégerait, et que même s'il n'était pas l'homme le plus viril au monde, il prendrait soin de lui correctement. faisant en sorte de lui procurer le plus d'amour possible, en tant que petit ami, mais surtout en tant qu'ami. car après tout, le cadet l'avait sauvé, et il avait à présent une dette envers lui.
il fut une chose cependant à laquelle cameron ne s'attendait pas. il était posté là, dehors à attendre un taxi, en quête d'aller refaire sa garde robe pour profiter au mieux de son temps libre, lorsqu'une étreinte se fit ressentir autour de son corps. au début, il pensait nager dans un rêve, un de ses anciens rêves où il revoyait toujours et encore imchul, mais il avait beau se pincer sur des zones franchement taillées, ce n'était pas un rêve. c'était bien lui. sa moitié. son âme-sœur. son ami. son mari. il lui fallut un certain moment avant de réagir et de bondir dans les bras du plus jeune, mais une fois qu'il y était, de nouveau enfermé dans cette chaleur inlassable, il ne la quitta pas. pas même lorsque le plus jeune tenta de le repousser légèrement pour admirer le visage qu'il n'avait pas vu depuis des années. l'ainé pleurait, mais ces larmes n'avaient plus du tout la même signification qu'avant. ce n'étaient pas des larmes de tristesses, c'étaient des larmes de bonheur. finalement, les rêves peuvent se réaliser. pensa-t-il comme les doigts de l'autre homme glissèrent le long de ses joues, prenant le temps d’ausculter chaque passerelle de peau que possédait le plus âgé. oui, son rêve s'était finalement réalisé. mais à quel prix. son père était toujours là. shawn était entré dans sa vie. et, il y avait ses problèmes. la cigarette, tout ça. de vieilles paroles revinrent à son esprit. l'enfonçant un peu plus dans la crainte et l'angoisse. « si je te reprends ne serait-ce qu'une seule fois avec un homme, tu pourrais bien regretter d'avoir été mis au monde. ai-je bien été clair ? » ... « cameron, je t'aime » .... « écoute bébé, plus tard, on se mariera et on aura des enfants d'accord ? tu seras ma princesse et je serais ton prince. n'est-ce pas une bonne idée ? » si elle était magnifique. et le problème était là. à quel prix l'amour aurait raison d'eux. |